État et renseignement : comment travailler le secret ?

L’État et le renseignement associent deux réalités, chacune étant propice à des représentations imaginaires très fortes qui biaisent puissamment toute approche rationnelle. Le biais le plus important, lié au « charme » produit par le secret selon le mot de Georg Simmel est d’en surévaluer la portée. Le secret engendre aussi de façon latente des approches complotistes ou conjurationnistes du social. Un autre travers est de concevoir le travail sur le mode du « dévoilement » ou de la « révélation » pour reprendre des termes fréquemment employés par certains journalistes et qui reflètent in fine une approche naturaliste du secret. Or le secret est une construction sociale. Il faut donc dissiper les brumes qui entourent le secret de l’Etat et regarder comment l’on peut travailler sur ce secret, c’est-à-dire in fine travailler le secret

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Sébastien-Yves Laurent

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Sébastien-Yves Laurent est professeur des universités en science politique à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye où il dirige le Diplôme d’analyste en gouvernance et sécurité du numérique (DAGSEN). Il est membre du conseil d’administration de l’Association française du droit de la sécurité et de la défense (AFDSD). Parmi ses récents ouvrages : État secret, État clandestin. Essai sur la transparence démocratique, Gallimard, « NRF-Essais », 2024, Grand Prix du renseignement 2024 ; Le Renseignement, PUF, « Que sais-je », 2024.