Toute la beauté et le sang versé
Titre original
Laura Poitras suit la photographe Nan Goldin dans son combat contre la famille Sackler, accusée d’avoir provoqué la crise des opioïdes. Entre introspection artistique et dénonciation publique, le film tisse le portrait d’une femme qui transforme la douleur en résistance, célébrant l’art comme arme politique et acte de survie collective.
« Dans la salle du temple de Dendour du Met les activistes jettent des centaines de boîtes de médicaments vides dans un bassin, s’allongent sur le sol et scandent “Les Sackler mentent, des gens meurent.” La scène choc ouvre le nouveau documentaire de Laura Poitras, Lion d’or au dernier festival de Venise. Après avoir dénoncé la surveillance de masse institutionnalisée par le gouvernement américain dans ses films sur Edward Snowden (Citizenfour) et Julian Assange (Risk), la réalisatrice engagée retrace le combat au long cours de Nan Goldin, qui fut elle-même dépendante à l’OxyContin, contre les Sackler. Et pour pousser les grandes institutions culturelles qui ont bénéficié de leur “philanthropie toxique” à y renoncer. La tension émotionnelle du film culmine quand trois héritiers de la dynastie sont contraints par un juge fédéral d’écouter en visioconférence les témoignages poignants de victimes de leurs cachets poisons. Mais Toute la beauté et le sang versé passionne davantage encore par son autoportrait de Nan Goldin sous forme de roman-photo illustré par ses propres images, certaines iconiques, d’autres inédites. L’autrice de The Ballad of Sexual Dependency raconte sa jeunesse rebelle, sa découverte de la contre-culture, sa fascination pour la communauté LGBT et les drames de sa vie – le suicide de sa sœur aînée à l’adolescence, l’hécatombe parmi ses proches lors des années sida, auxquelles la crise des opioïdes fait un douloureux écho. À l’issue de ce film où colère et larmes sont indissolublement liées, l’art de Nan Goldin est son engagement citoyen. » – Samuel Douhaire, Télérama

