Spotlight

25 ans avant les 6 mois d’enquête qui ont déclenché un séisme aux Etats-Unis, une mère vient déposer plainte contre un prêtre pédophile. En quelques plans et dialogues, nous apprenons la position de l’officier de police, du policier de base, du procureur adjoint, de la hiérarchie catholique, de la mère et des enfants ! Nous sommes happés, d’emblée, et le scénario ne nous lâchera plus… jusqu’à un épilogue qui nous concerne tous (restez lire les cartons après la dernière image, l’histoire est authentique, son ampleur inouïe). L’un des avocats ne nous épargne pas, affirmant que « S’il faut un village pour éduquer un enfant, il faut un village pour l’abuser. » Le film retrace moins les crimes de prêtres et la survie de leurs victimes que le déroulement d’une enquête qui ébranlera l’Église. Intègre jusqu’à la toute fin, il donne, dans le générique, des coordonnées pour que d’autres victimes puissent se faire aider… Dans un monde où la religion, quelle qu’elle soit, ou ceux qui s’en réclament, peuvent manipuler ses enfants et taire leur cri pendant des décennies, il est salutaire que Spotlight puisse recevoir le Prix Pulitzer, et ce film quelques-uns des 6 Oscars possibles… Et, comme un signe de l’Histoire, Ben Bradlee Jr, de l’équipe Spotlight, est le fils du rédacteur en chef du Washington Post qui a révélé l’affaire du Watergate et dont le rôle dans Les Hommes du Président a valu un Oscar à son interprète. À part le Boston Globe et le Washington Post, seuls le New York Times et le Los Angeles Times font encore ce type d’investigation. En 45 ans, Spotlight a révélé une centaine d’affaires. – Florence Lassalle