Pologne contre Histoire

En Pologne, un angle mort de l’histoire du pays n’est toujours pas porté au jour et assumé, fragilisant la démocratie victorieuse des dernières élections. C’est l’histoire du destin des juifs de Pologne pendant la guerre et leur disparition en partie des mains des Polonais. Un historien, Jan Tomasz Gross, polonais longtemps exilé aux USA, brise le silence et publie en 2000 un livre sur le pogrome de Jedwabne perpétré par des Polonais sur les juifs de leur village en 1941. Démarre alors une lutte archaïque entre prise de conscience et retour du déni. De la reconnaissance étatique au backlash révisionniste, les années 2000 sont le théâtre de la lutte des mémoires et racontent un rapport aussi fort que terrible entre juifs et polonais. Alors que Shmuel Wasserstein, le survivant du pogrome dont le témoignage a permis à Jan T Gross d’écrire le livre Les voisins, revient au pays, les pouvoirs polonais veulent faire taire l’histoire de la responsabilité des Polonais dans la mort des juifs en inaugurant des sites mémoriels mensongers et en perpétuant le silence dans les manuels d’histoire. Ils trouvent face à eux, depuis 30 ans, des chercheurs en sciences humaines et des historiens déterminés malgré les attaques, et face aux mensonges de l’État, à raconter la vérité à partir des témoignages.