Les Lignes de Wellington

En septembre 1810, les troupes napoléoniennes, emmenées par le Maréchal Masséna, envahissent le Portugal. Lors de la bataille de Buçaco, Masséna est défait. Pour autant, Portugais et Britanniques, sous le commandement du Général Wellington, battent en retraite pour attirer les ennemis dans un piège. La stratégie de  Wellington  couplée à une opération de terre brûlée, plonge les populations civiles dans l’exode.

Sait-on que l’armée napoléonienne a subi l’une de ses premières défaites cuisantes au Portugalface au général Wellington, celui-là même qui triomphera cinq ans plus tard à Waterloo ? La résistance des Portugais – alliés aux Britanniques – face à l’armée française, voici donc une page d’histoire méconnue, que révèle cette fresque intimiste. Le film est une longue marche à travers le pays. De plus en plus captivante à mesure des kilomètres parcourus, parce que la progression géographique est aussi un voyage dans le temps, qui réveille des souvenirs et des manques, suscite la douleur de l’exil comme l’espérance d’un retour. Une myriade de petites histoires s’écrivent à l’intérieur de la grande. 

C’est un fait rare dans un film de guerre : la femme joue un rôle aussi décisif que l’homme. Elle prend l’initiative, fait preuve de cran et de dignité, malgré des épreuves terribles. De la jeune anglaise délurée de 17 ans qui achève un cheval blessé au pistolet pour abréger ses souffrances à la vaillante et fantasque maîtresse de maison (Marisa Paredes), les personnages féminins ont du caractère. Et une sensualité ludique, manifeste dans les scènes d’alcôve avec nus. On pense alors à la peinture. La réalisatrice s’est inspirée des toiles d’Henri Levêque, le portraitiste de Wellington, tant pour les scènes d’intérieurs que pour les paysages. Son film témoigne d’un classicisme limpide, un art de l’esquisse et de la notation, proche du carnet de guerre. Jacques Morice – Télérama