Basé sur les archives de films consacrés à François Mitterrand (entre 1990 et 1993), cet opus interroge la représentation du pouvoir telle que l’imagine le réalisateur et telle qu’entend la façonner le Président…
Quand on filme un homme de pouvoir dans la proximité et la durée, qui est le véritable metteur en scène ? C’est la question centrale du film de Hugues Le Paige, Le Prince et son image. Pour y répondre, le réalisateur revisite, vingt ans après, les images des 5 films qu’il a tournés entre 1990 et 1993 avec et à propos de François Mitterrand. Dans ce film, le Président devient le Prince, incarnant le pouvoir universel. À travers des images étonnantes et souvent inédites, on découvrira la représentation du pouvoir telle que l’imagine le réalisateur et telle qu’entend la façonner le Prince. Un combat permanent et indécis qui peut nous aider à comprendre le sens des images qui nous submergent quotidiennement.
« Que nous dit Hugues Le Paige ? Que la confiance, voire la connivence, qui s’instaure entre l’homme de pouvoir et le filmeur est nécessairement biaisée, que le premier instrumentalise le second pour édifier sa statue, et qu’un professionnel de l’image peut être floué tout en ayant l’impression de n’avoir jamais été dupe. Il faut, pour s’avouer cela, avoir atteint un jour la limite impartie à l’exercice. C’est ce qui est arrivé à Hugues Le Paige, brutalement désavoué face à la caméra par son interlocuteur et congédié avec une politesse glaciale, après une question qu’il ne fallait pas poser (sur les écoutes téléphoniques commanditées par l’Elysée). La séquence, saisissante, enterre en deux minutes la relation entre les deux hommes, et ouvre, significativement, le film-bilan de Le Paige. » – Extrait de « François Mitterrand tel qu’en lui-même » de Jacques Mandelbaum, Le Monde, 20 décembre 2011.
