Le Cid

Fin du XIe siècle, dans une Espagne partagée entre catholiques et musulmans. La légende du chevalier Rodrigue Diaz de Vivar dit « le Cid » (« seigneur » en arabe), célèbre pour son mariage contrarié avec Chimène, pour son opposition farouche à la corruption royale et pour sa lutte héroïque contre les invasions maures…

Cette fresque médiévale est l’une des plus riches pièces épiques jamais réalisées. Si la valeur d’un grand film historique se mesurait uniquement à la richesse de ses décors, aux châteaux, aux foules et aux batailles qu’il contient, alors l’épopée de Samuel Bronston sur le héros national espagnol El Cid remporterait haut la main le titre du film historique le plus digne de tous les temps. À l’origine, le personnage du Cid voulu par Samuel Bronston, et validé par la censure espagnole, est censé rendre gloire au général Francisco Franco. Il est censé porter les valeurs et les vertus du généralissime et d’une Espagne moderne. Au final, le Cid de Bronston est un héros libéral, conçu dans l’esprit du scénariste communiste Ben Barzman. Un héros pour le président John Fitzgerald Kennedy, qui le fit projeter trois fois à la Maison-Blanche.

L’un des aspects les plus intéressants du film, soixante ans après sa conception réside dans l’écho actuel de la représentation d’un chef musulman fondamentalement fanatique, Ben Yousouf, personnalité historique de premier plan. Le récit témoigne surtout d’une magnifique histoire d’amitié entre Le Cid et Moutamin, une amitié entre un chrétien et un musulman qui partagent les mêmes valeurs et une admiration réciproque, une leçon de tolérance. Le Cid est un film imprégné d’un réel amour de la culture arabe. Un film où la civilisation arabe fait rêver, une vision des Mille et une Nuits, certes hollywoodienne, mais qui a la vertu de nous rappeler que ce sont les Arabes qui ont préservé la philosophie, la médecine et les sciences au Moyen Âge, en un temps où l’Occident était encore barbare. Stéphane Chevalier