En 1944, des tirailleurs africains, anciens soldats de l’armée française revenus d’Europe, sont rassemblés à Thiaroye près de Dakar. L’attente de leur démobilisation vire à la tragédie quand le racisme et la négation de leurs droits provoquent une mutinerie qui sera violemment réprimée.
Copie restaurée / Cinémathèque de Bologne
« Ce n’était pas la première fois qu’Ousmane Sembène s’attelait à la représentation des tirailleurs, déjà présente dans Borom Sarret (1962), puis dans Niaye (1964) et Emitaï (1971). Cependant, c’est dans Camp de Thiaroye qu’il met en scène, pour la première fois, la prise de conscience des tirailleurs. À travers eux, il explore les dynamiques du pouvoir colonial et la violence structurelle d’un système fondé sur l’exploitation et l’humiliation des colonisés. Ce n’est pas une « bavure » qui est représentée mais le symptôme d’un système de domination. En remémorant le massacre des tirailleurs, le film le fait exister pour la lutte à venir, celle pour une Afrique où ses “fils se promèneront libres, dans un univers libre” (Ousmane Sembène). […] Une certaine stylisation répond à la conception du réalisme d’Ousmane Sembène, qui préférait les symboles aux effets de vraisemblance de la représentation naturaliste pour révéler la réalité fondamentale d’une situation. Dans Camp de Thiroye, la représentation a une finalité transformative. Le film invite à la fois l’Afrique et la France à prendre conscience de leur histoire partagée. Pour reprendre les mots de Sembène : “On ne fait pas une histoire pour se venger, mais pour s’enraciner. Voilà pourquoi nous avons fait ce film pour le monde entier et non pas pour une race ; c’est pour que vous sachiez que les noirs ont participé à la guerre, et que nous n’avons pas fini avec notre histoire qui est aussi la vôtre.” (Samba Gadjigo). – Extraits d’un texte d’Anna Bruzzone, chercheuse associée à l’Institut des Mondes Africains (IMAF) publié sur le site de L’Humathèque Condorcet.
Fiche du film
Réalisation
Année
Durée
Programmé au festival
2025Interprètes
Ismaila Cisse, Sijiri Bakaba, Ismail Lo

