Dans la France de l’après-guerre, un jeune réfugié Polonais, Jan Bojarski, fabrique seul des faux-billets. Des contrefaçons plus « vraies » que les billets sortis de la Banque de France…
Jean-Paul Salomé s’empare d’un épisode méconnu de l’après-guerre française pour en faire un biopic à la fois romanesque, rigoureux et profondément humain. Le film retrace le parcours de Jan Bojarski (1912–2003), ingénieur polonais réfugié en France, passé maître dans l’art de la contrefaçon. D’abord faussaire par nécessité dans la Résistance, il devient, dans les années 1950, le créateur de faux billets si parfaits qu’ils surpassent ceux de la Banque de France. Une œuvre clandestine, menée pendant plus de quinze ans dans le cabanon de son jardin de banlieue, à l’insu de sa famille, et qui fera de lui la bête noire du commissaire Mattei (Bastien Bouillon), lancé dans une traque obsessionnelle. Pour reconstituer avec minutie les machines et les brevets inventés par cet homme, les auteurs se sont appuyés sur une documentation rare, réunie notamment par un journaliste suisse passionné par cette histoire, Jacques Briod, et sur les archives de la Banque de France, qui reconnaît aujourd’hui Bojarski comme le plus grand faussaire de son histoire. Mais au-delà de l’incroyable fait divers, le réalisateur sonde les dimensions humaines et intimes de cette histoire : la solitude d’un homme en quête de reconnaissance, les liens familiaux ébranlés par les silences et les non-dits (saluons l’interprétation du couple Kateb-Giraudeau), la tension entre génie et marginalité ; autant qu’il interroge les angles morts de l’histoire nationale : le sort des réfugiés et la reconnaissance des talents étrangers. Bojarski n’est pas un gangster, mais un inventeur frustré, un artiste clandestin qui détourne son savoir-faire pour défier un État qui l’a marginalisé. Le scénario, coécrit avec Bastien Daret, mêle fidélité aux faits et liberté de mise en scène, notamment dans la représentation de la relation ambiguë entre Bojarski et Mattei, deux figures hantées par leur propre obsession.
Jean-Paul Salomé, fidèle à une esthétique classique et précise, restitue avec rigueur et sobriété l’atmosphère de la France des années 1950–60, marquée par la reconstruction, les tensions sociales et les ambiguïtés morales. En incarnant (avec brio) Bojarski, Reda Kateb donne corps à un personnage complexe aussi attachant que discret, dont les obsessions créatives impressionnent.
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Jean-Paul Salomé
Réalisateur et scénariste français, Jean-Paul Salomé est né en 1960. Diplômé en cinéma de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, il débute sa carrière dans les années 1980 avec des documentaires et des téléfilms, notamment L’Enfant des lumières (1997) et Restons groupés (1998). C’est avec deux adaptations ambitieuses du patrimoine français, Belphégor, le fantôme du Louvre (2001) et Arsène Lupin (2004), qu’il marque ses débuts au cinéma. Sa carrière alterne entre films populaires, thrillers politiques et récits historiques et témoigne d’un goût pour les personnages ambigus, souvent inspirés de faits réels. Dans Les Femmes de l’ombre (2008), La Daronne (2020) et La Syndicaliste (2023 – porté par Isabelle Huppert), il explore des figures féminines fortes. En 2026, il revient avec L’Affaire Bojarski, son dixième long métrage.
Fiche du film
Réalisation
Année
Durée
Date de sortie française
Scénario
Jean-Paul Salomé, Bastien Daret
Programmé au festival
2025Interprètes
Reda Kateb (Jan Bojarski), Sara Giraudeau (Suzanne), Bastien Bouillon (Mattei), Pierre Lottin (Anton), Quentin Dolmaire (Perrier)
Image
Montage
Couleurs
Production
Distributeur
Musique
Son
Costumes
Décors
D'après
une idée originale de Marie-Pierre Huster
