Katyń

« Avec ce travail véritablement fort, hommage à la fois à sa nation et à son père, Wajda nous propose de nouveau une parole de vérité, ce qui semble être sa marque. Au fur et à mesure d’une œuvre qui s’est donné pour tâche de contester l’héroïsme édicté par le réalisme socialiste et de révéler les mensonges, il clarifie et porte le destin collectif des Polonais. Ici c’est avec une volonté de pacification et de réconciliation vis-à-vis des cadres de l’an-cienne Mère Patrie soviétique, que Wajda revient sur l’histoire de Katyń. Il ne s’agit donc en rien de créer la polémique, car la vérité est sue. Katyń – qui sonne aux oreilles polonaises comme Oradour-sur-Glane à nos oreilles – c’est véritablement le massacre des innocents. Katyń, c’est aussi le lieu où le propre père de Wajda, le capitaine Jacub Wajda, fut tué. Ce film est sa pierre tombale. Elle en tient lieu aussi pour les 14700 autres officiers qui en furent toujours privés pour ne pas contredire l’histoire officielle qui verrouillait l’ensemble. Car, durant toute l’ère de la République Populaire de Pologne, la vérité fut délibérément falsifiée, ses défenseurs systématiquement persécutés et le sujet classé secret. Ce n’est qu’en 1990, soit cinquante ans après les faits, que Gorbatchev reconnaîtra officiellement l’entière responsabilité du camarade Staline. En 1992, c’est Boris Eltsine qui livrera à la Pologne l’ordre écrit officiel de Staline. Ce film est l’autre élément essentiel sur lequel le pays pourra désormais s’appuyer pour comprendre et affronter l’ignominie et la trahison. » – Nathalie Zimra, extrait de Fiches du cinéma, 2010.