Green Zone

Le Britannique Paul Greengrass, ancien journaliste, s’est inspiré du livre enquête (Imperial Life In Emerald City) de Rajiv Chandrasekaran, ancien correspondant de guerre pour le Washington Post. Il suit les pas de l’adjudant-chef Roy Miller, envoyé en mission débusquer les fameuses armes de destruction massives (ADM) qui ont servi de prétexte à l’invasion de l’Irak et à la destitution de Saddam Hussein. Grâce à une approche semi-documentaire (caméra à l’épaule, réalisation nerveuse), le réalisateur nous plonge dans le chaos de la seconde guerre du Golfe (2003-2011). Le spectateur est en immersion dès le premier plan, le cinéaste installant un sentiment d’urgence afin de mieux nous faire ressentir l’impact des mensonges d’État et de la propagande en temps de guerre. L’histoire est fictive, mais elle s’appuie sur des manipulations politiques avérées de l’administration Bush et  dénonce clairement la politique de prétendue sécurité nationale américaine. Une politique menée en réaction aux attentats du 11 septembre 2001, en contradiction avec les conventions internationales. Le film adopte une structure de thriller conspirationniste où la quête de vérité du protagoniste se heurte à un système orchestré pour cacher la réalité. Le réalisateur utilise les codes et le casting hollywoodiens (le film de guerre avec la star incorruptible incarnée par Matt Damon) pour dénoncer les mensonges d’État relatifs à l’inexistence des ADM en Irak. Il s’inscrit ainsi dans une solide tradition de dénonciation des abus de pouvoir, qui confirme toute son efficacité et, ici, sa pertinence historique.

Frédérique Ballion, extrait du ciné-dossier Green Zone