Good Bye, Lenin !

« Film emblématique de la chute du mur de Berlin, Good Bye, Lenin ! montre successivement toute la rigidité, l’austérité et la privation de liberté en RDA puis la brutale transition du pays vers un capitalisme basé sur la consommation où la solidarité n’est pas la valeur première. Le réalisateur montre notamment l’effacement instantané, dans les modes de vie, de quarante an-nées de passé communiste. En évitant tout manichéisme, le film permet d’opposer, très concrètement, les modèles de société, tant dans leur dimension économique et idéologique que dans leur propagande. Au fil des décennies, le film est devenu un classique des séances scolaires : non seulement, il est une formidable introduction à une page d’histoire, mais son scénario très inventif invite justement à une réflexion sur la manière de mettre en scène l’Histoire et la réalité, et par là-même de mentir, jusqu’au sein de sa propre famille. Outre la dimension évidemment parodique, la réflexion porte ici sur l’ambiguïté des images, tout à la fois traces fidèles de la réalité et matière à un constant trafic, dont la propagande communiste se fit une insigne spécialité. Servie pas de bons acteurs et par l’ingéniosité de son scénario, cette farce désillusionnée pose, en matière philosophique, la question de savoir s’il vaut mieux vivre du fol espoir d’obtenir un jour la commande d’une Trabant ou assouvir sans délai son désir de conduire une Mercedes. » – Jacques Mandelbaum, Le Monde