Furcy, né libre

Avec ce deuxième long métrage, librement inspiré du livre L’Affaire de l’esclave Furcy de Mohammed Aïssaoui (Prix Renaudot 2010), Abd Al Malik signe un film historique consacré à une figure méconnue mais essentielle de la lutte contre l’esclavage dans les colonies françaises. 

Furcy Madeleine, né sur l’île Bourbon (La Réunion) au début du XIXᵉ siècle, se lance dans un combat juridique et judiciaire en 1817, après avoir découvert l’acte d’affranchissement de sa mère. Ce document établit qu’elle était libre au moment de la naissance de Furcy. Or, selon le droit colonial en vigueur, un enfant né d’une femme libre ne peut être considéré comme esclave. Furcy comprend alors qu’il est juridiquement né libre et que sa condition d’esclave est illégale. Ce déclencheur marque le début d’un long et courageux parcours de plus de vingt ans, pour faire reconnaître son statut d’homme libre. Il est soutenu par un procureur abolitionniste, qui voit dans cette affaire un levier pour dénoncer les abus du système esclavagiste. Historiquement, cette affaire se déroule dans un contexte où l’esclavage est encore légal dans les colonies françaises, bien que de plus en plus contesté. Furcy ne choisit pas la révolte armée, mais une stratégie fondée sur le droit, révélant l’absurdité du système en s’y inscrivant. Ce procès, emblématique d’une époque où les esclaves étaient considérés comme des biens meubles, devient le symbole d’une résistance par le droit. Bien qu’elle ait longtemps été oubliée, cette affaire est considérée comme un jalon majeur dans l’histoire de l’abolition. Elle illustre la résistance individuelle face à l’injustice institutionnalisée et la puissance du savoir : Furcy savait lire et écrire, ce qui lui a permis de comprendre et d’utiliser les lois à son avantage. 

Le film, tourné à La Réunion et en métropole, restitue avec précision les décors et les tensions du XIXᵉ siècle, tout en faisant résonner les échos contemporains du traumatisme esclavagiste. En soulignant que la lutte pour la liberté est aussi celle de la reconnaissance, de la transmission et de la réparation, Abd Al Malik inscrit cette histoire dans une démarche de mémoire et de justice.

Furcy, né libre est un hommage vibrant à ceux qui ont osé dire non, et un appel à ne jamais oublier.