Conversation secrète

« Gene Hackman, au jeu remarquablement sobre et intériorisé, est un expert en surveillance qui se sent plus à l’aise quand il épie de loin des inconnus que lorsqu’il se trouve dans une pièce avec des amis. Solitaire et secret, il préfère jouer du saxophone dans son appartement austère, du moins jusqu’au jour où une bribe de conversation captée par dessus les parasites pique sa curiosité. Il s’investit personnellement dans l’enquête et sentant une tragédie imminente, tente de résoudre le mystère caché dans ses bandes magnétiques, pour découvrir finalement que les seules choses auxquelles il faisait confiance (ses yeux et ses oreilles) l’ont trompé. Aussi triste que cynique, Conversation secrète […] est aussi une étude post-moderne du voyeurisme. À mesure que Gene Hackman assemble une horrible vérité à partir de fragments de discussion nour-ris par sa propre imagination, on découvre de plus en plus de choses sur lui. Lorsque son enquête obsessionnelle s’écroule, il ne lui reste quasiment rien : pas d’amis, pas de vie, pas de liberté face à une paranoïa envahissante. Admiré par ses collègues pour son talent, il apparaît pourtant comme un sorte d’imposteur, une coquille vide, un homme que ses incertitudes à l’égard du monde qui l’entoure ont privé de toute identité. » – Joshua Klein. Extrait de 1001 films à voir avant de mourir, Omnibus. 2004.