À travers témoignages et archives, ce film revient sur la sanglante répression menée contre l’UPC au Cameroun. Derrière l’image officielle d’une indépendance pacifique, il révèle une guerre coloniale longtemps occultée, ayant fait des milliers de victimes dans le silence, entre violence d’État et luttes nationalistes.
En 1948, un jeune Camerounais, Ruben Um Nyobé, fonde l’UPC, premier parti politique du pays. Son volontarisme, sa conscience aiguë des souffrances de son peuple et son désir de porter, devant les Nations Unies, la « question camerounaise » soulèvent l’enthousiasme. Pas celui de la France. Après avoir connu l’humiliation de la défaite en Indochine et alors qu’elle doit faire face aux « événements » en Algérie, il est hors de question de laisser se développer cette rébellion. Le pouvoir colonial français interdit de façon brutale l’UPC en 1955. Ses dirigeants qui ne fuient pas sont arrêtés, massacrés. On promet d’organiser des élections au suffrage universel à l’échelon local. Peine perdue. À la veille de l’élection, deux candidats sont tués par des radicaux de l’UPC. Désormais, le pouvoir français, incarné sur place par Pierre Messmer, va frapper fort. L’armée déplace et regroupe les villageois, quadrille les zones, massacre ceux qui s’opposent. Après une année de traque, Um Nyobé est tué le 13 septembre 1958. Felix Moumié et Ernest Ouandié prennent successivement sa relève. La barbarie de la guerre menée par la France et les autorités camerounaises ne prend pas fin avec « l’indépendance » du pays proclamée en 1960. Moumié est empoisonné la même année par un agent français. Les troupes camerounaises multiplient les massacres et les tortures. En 1970, les derniers insurgés de l’UPC, dont Ouandié, sont arrêtés et condamnés à mort. Désormais, le dictateur Ahmadou Ahidjo, Président du Cameroun jusqu’en 1982 est débarrassé des indépendantistes. Et ses protecteurs français peuvent observer le plus grand silence sur cette guerre et ses milliers de morts.

