Algérie, sections armes spéciales

La cinéaste propose un travail d’enquête particulièrement ardu, qui s’appuie, en premier lieu, sur les recherches au long cours (7 ans  !) menées par Christophe Lafaye. Malgré des refus d’accès à certaines archives militaires, l’historien a pu démontrer l’utilisation des armes chimiques par la France au cours de la Guerre d’Algérie. Démonstration complétée par la cinéaste, via des témoignages directs d’Algériens survivants des gazages de grottes et de plusieurs anciens soldats français qui ont participé à l’une des cent unités « spéciales ». Leurs témoignages sont complétés par de rares photos particulièrement éloquentes. Enfin, les paroles d’experts dans le domaine des armes nucléaires, biologiques et chimiques, viennent parachever la démonstration. Ainsi Claire Billet décrit le contexte et l’ampleur de cette guerre chimique qui avait pour objectif de traquer les combattants du FLN, n’épargnant pas, au besoin, les civils. Elle n’hésite pas à revenir sur des sites gazés et à animer des cartes montrant la multitude des opérations accomplies. Elle révèle comment les responsables politiques ont délégué, à compter de 1956, tout pouvoir aux militaires pour l’utilisation d’armes interdites. Avec la torture, l’utilisation du napalm ou le déplacement forcé des populations, la guerre chimique systématisée est l’un des manquements de la France à ses engagements internationaux de la Convention de Genève. Le film montre les stratégies de l’État pour dissimuler son action : langage codé, soldats tenus à la confidentialité, refus d’accès aux archives… Un documentaire de référence qui a connu un impact médiatique considérable lors de sa première diffusion.