En pleine crise argentine de 2002, la famille d’Arturo, ancien vétérinaire enlevé à Buenos Aires, remonte le fil d’un passé douloureux. Tandis que Guillermina tente d’obtenir la libération de son grand-père, la mémoire des années sombres de la dictature resurgit : exils, deuils et secrets lient les générations dans une Argentine marquée par la violence et la nécessité de transmission.
De 1976 à 1983, quatre juntes militaires se succèdent en Argentine. Le bilan est accablant : environ 30 000 desaparecidos, selon des méthodes (torture et élimination clandestine des opposants), déjà pratiquées au Chili, au Brésil et en Uruguay, 15 000 fusillés, des centaines de bébés enlevés aux familles de disparus et un million et demi d’exilés, ultérieurementr assassinés dans certains cas dans le pays même où ils avaient trouvé refuge. C’est le destin des parents de Lucia Cedron odnt le père est mort à Paris en 1980 dans des circonstances non encore élucidées. Pourtant la jeune cinéaste (Agnus Dei est son premier long métrage) se défend d’avoir conçu une œuvre autobiographique. L’originalité d’Agnus Dei réside dans sa gestion audacieuse des allers-retours temporels entre 1978 et 2001, parfois matérialisés dans un même plan, parfois d’une simple coupe. Si elle nourrit la densité d’un récit complexe, elle formule aussi un contrepoint entre deux formes de violence (disparition des opposants d’une part ; enlèvements mafieux de personnalités en vue d’autre part) où se loge un commentaire sur la mémoire et les processus his-toriques. L’Argentine de 2001 est exemplaire de cette emprise des multinationales sur les États annoncée par Salvador Allende en 1972. Par sa structure en écho, Agnus Dei épouse les muta-tions d’une société, de la dictature à l’oubli programmé. Mais rien à faire, le passé ne passe pas.
Fiche du film
Réalisation
Année
Durée
Programmé au festival
2025Interprètes
Avec Mercedes Morán, Jorge Marrale, Leonora Balcarce

