François Aymé
Julia Pereira
Le thème Secret et mensonge à travers le monde et à travers l’histoire. Rien que cela ! S’il y a bien un thème cinématographique que l’on pourrait décliner à l’infini, c’est bien celui-là. Car au-delà, déjà, de la liste des films policiers ou des films de procès, on sait bien que les secrets et les mensonges sont, par essence, des ressorts dramatiques indispensables à toute narration. Il nous a donc fallu nous astreindre à suivre quelques partis pris radicaux.
Le premier parti pris, qu’il est toujours bon de rappeler, a été de nous concentrer sur des œuvres où la dimension historique, sociale ou politique est première, de la Seconde guerre mondiale (Amen, Le Labyrinthe du silence, Katyn, Imitation Game) à la décolonisation (Mon colonel, L’Autre 8 mai 1945, Cameroun, autopsie d’une indépendance), en passant par la Guerre froide (Good Bye Lenin !, Les Camps, secret du pouvoir chinois) ou bien par des affaires emblématiques (J’accuse, L’Affaire Mattei, Seznec, la fabrique de l’affaire).
Le second est d’accorder une place prépondérante aux thématiques qui renvoient directement à l’actualité, de la propagande (Orwell 2+2=5 de Raoul Peck, Mr Nobody Against Putin de David Borenstein, The Apprentice, Propaganda Kompanien, Au royaume du Maréchal, W – L’improbable président, Fahrenheit 9/11, Propaganda – la fabrique de l’opinion ), à l’espionnage (Opération Trump, les espions soviétiques à la conquête de l’Amérique, Histoire des services secrets français), en passant par les lanceurs d’alerte (The Constant Gardener, La Fille de Brest, Green Zone, Snowden) ou la révélation d’affaires de violences faites aux femmes ou bien aux mineurs (Magdalene Sisters, Spotlight).
Le troisième parti pris est de considérer qu’aujourd’hui, le public a un accès considérable à une multitude de films et qu’il y a donc une vraie logique à privilégier en festival : quelques grands classiques qui gagnent à être revus sur grand écran (L’Homme de la rue de Frank Capra, Les Hommes du président de Alan J. Pakula, Révélations de Michael Mann, Conversation secrète de Francis Ford Coppola) ; des films rares souvent victimes de la censure et invisibles et sur les canaux traditionnels (Repentir de Tenguiz Abouladze, Le Camp de Thiaroye de Sembene Ousmane, Tabataba de Raymond Rajaonarivelo, Ne pleurez pas sur mon cadavre de Hu Jie, Afrique 50 de René Vautier) sans oublier des documentaires percutants qui n’ont pas forcément bénéficier de la notoriété des fictions cinéma (Algérie, sections armes spéciales, Escadrons de la mort, l’école française, Toute la beauté et le sang versé, La Chine rouge en noir et blanc de Bertrand Raudineau).
Enfin, la clé d’un véritable plaisir de festival étant la diversité, nous avons ménagé une petite place à des incunables du film d’espionnage (Agent secret de Alfred Hitchcock, Bons baisers de Russie de Terence Young), au drame historique classique (Royal Affair), au drame social (Secrets et mensonges de Mike Leigh) sans oublier le film d’histoire, en dessin animé, à voir en famille (Les Secrets de mon père).
Assurément, nous sommes ainsi bien loin d’avoir donné toutes les clés de ce thème vertigineux, mais cette sélection d’une cinquantaine de titres offre l’opportunité de découvrir des œuvres en tous points remarquables et d’appréhender de manière diverse et complexe un thème passionnant et tout sauf binaire.
François Aymé et Julia Pereira