Secret et mensonge. Dès l’énoncé du sujet de la 35° édition du Festival de Pessac, les problématiques, les questions fusent et les innombrables références à l’actualité et à l’histoire s’imposent. Les mensonges ? On a l’impression qu’ils envahissent l’espace public. Comme une épidémie que l’on n’arriverait pas à endiguer. Quand Donald Trump et Vladimir Poutine sont les premiers à asséner, quotidiennement, des contre-vérités sur les sujets les plus graves qui soient, qui croire ? Les réseaux sociaux ? Les journalistes ? Les politiques ? Les influenceurs, les lanceurs d’alerte ? Nos proches ? Les professeurs ? L’avènement de l’exactitude des faits, leur vérification peut, trop souvent, se révéler laborieuse, empêchée. La recherche du vrai, en histoire comme dans le temps présent, est à la fois un travail et une exigence qui demandent esprit critique, honnêteté intellectuelle, rigueur, méthode et persévérance. Comme dans 1984 de George Orwell, on ne compte plus les chefs d’État qui réécrivent l’histoire officielle de la manière la plus grossière et remettent en cause, comme au temps des dictatures du XXe siècle, la recherche scientifique ou l’expertise des historiens. Apprendre à débusquer les fake news, à se diriger vers les bonnes sources, devient ainsi pour tout à chacun, et a fortiori pour les jeunes élèves, un véritable apprentissage citoyen. L’un des enjeux de ce programme scolaire n’est rien de moins que participer à cet apprentissage via la rencontre avec des œuvres et des intervenants. Ces derniers pourront illustrer ces problématiques et délivrer des outils très concrets dans la construction de leur exigence sur l’exactitude des faits. Et pour le secret ? Dans le monde de la santé, de l’entreprise, de l’armée, dans la famille, à l’Église, au plus haut niveau de l’État, partout ou presque, le secret est là, souvent nécessaire voire indispensable. Il peut aussi cacher des souffrances, des dangers et des abus de pouvoir. Là encore, nous vivons une période historique : une surveillance informatique intrusive généralisée, une intimité souvent étalée sur les réseaux sociaux et, depuis le mouvement #MeToo (2017), une libération spectaculaire de la parole dans les médias et l’espace public, d’abord centrée sur les violences sexuelles faites aux femmes dans le cinéma, puis élargie à tous les autres milieux, à d’autres victimes et à d’autres formes de violences et d’abus de pouvoir jusqu’à de récents scandales retentissants avec des affaires emblématiques (Depardieu, Abbé Pierre, Betharram…). L’ambivalence du secret (celui qu’il faut protéger, celui qu’il faut révéler) est bien au cœur des enjeux de pouvoir et des relations interpersonnelles comme il est au centre des récits historiques et des scénarios de cinéma. Sur ces sujets si sensibles, l’éclairage concret, souvent passionnant voire bouleversant, des films proposés, constituera à n’en pas douter une plateforme riche d’enseignements. Pour cette thématique si précieuse pour la formation critique et civique des élèves, le Festival de Pessac, première manifestation de cinéma en France pour sa participation scolaire, proposera donc en novembre prochain, en partenariat étroit avec le rectorat de Bordeaux, pas moins de 18 dispositifs, 24 films complétés de 12 ciné-dossiers originaux, de nombreux intervenants (historiens, réalisateurs, enseignants), des dizaines de projections à Pessac et dans des dizaines de villes.

Un grand merci au groupe pédagogique, aux rédacteurs, à nos partenaires institutionnels ainsi qu’à la fidélité des 1500 enseignants qui nous témoignent leur confiance.

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